Qui sont les docteurs en démocratie ?
Jusqu’à maintenant, nous connaissions deux types de « constitutionnalistes ». Tout d’abord les professeurs de droit public, les spécialistes du droit politique en vigueur. Experts du droit dit positif, ils sont les exégètes des textes ayant force de loi en matière de règles du jeu politique. Dans un pays comme la France, on en dénombre plus de cinq cents. Hors de l’enseignement et de leurs travaux de recherche, ils sont consultés par les pouvoirs publics soucieux de mieux connaître les limites de leurs prérogatives.
Une seconde catégorie de constitutionnalistes se recrutent chez les politologues ou politistes, les experts en matière de science politique. Environ un millier de Français exercent cette activité. En tant que chercheurs, ils sont portés à comparer les régimes des différents pays et à en mesurer la performance sur le plan démocratique, quitte à les classer par catégories. Ils font alors œuvre de comparatistes.
Une nouvelle et troisième catégorie de constitutionnaliste a vu le jour depuis que les régimes dits démocratiques traversent une crise. Ils ne raisonnent plus à partir de la connaissance des systèmes existants, mais des principes supérieurs devant être respectés pour avoir droit au qualificatif. Si tous les hommes aspirent en effet à la démocratie (sauf exception), ce régime est naturel l’homme et définissable par des principes directeurs. Autrement dit, une théorie générale de la démocratie est déductible de l’observation du réel et nous disposons alors d’un instrument de mesure, le modèle démocratique, dont la connaissance permet de remédier aux déficiences des régimes en vigueur.
A supposer qu’il soit enfin clairement explicité, les politologues et les professeurs de droit public peuvent s’y référer pour devenir des constitutionnalistes au sens plein du terme. La première condition est alors remplie pour que des régimes plus démocratiques puissent vraiment exister. Le premier étage d’une fusée qui en comprend trois est déjà en place.