Surmonter le péril de l’Oncle Xi

Le péril de l’Oncle Xi

A l’heure où la Chine tisse une toile d’araignée mondiale grâce à ses « nouvelles routes de la soie » et les Européens se replient sous le bouclier militaire de l’Oncle Sam, il convient d’éviter l’émergence d’un nouveau duopole.

Le premier moyen de l’éviter est que l’Europe s’unisse politiquement et que les autres Etats-nations suivent son exemple dès que possible. Le monde passerait du système multipolaire actuel, instable par nature, après avoir connu un duopole de soixante-dix ans pendant la guerre froide, à un oligopole aux vertus enfin pacifiantes. A quelques siècles de distance, l’heureuse expérience européenne se reconstituerait à l’échelle globale. Cette stratégie butte néanmoins sur un sérieux obstacle, le comportement de la Chine contemporaine.

Au prétexte de revendication territoriale, la Chine menace d’annexer un membre du club des démocraties. Ce n’est pas tout. Elle remet en cause l’ordre politique mondial sur le fondement de considérations pour le moins oiseuses. Si elle agresse effectivement Taïwan, les Etats-Unis pourront difficilement ne pas réagir. Non seulement Chine étendrait son empire totalitaire, mais on assisterait à un conflit ouvert entre les tenants du monde libre et les partisans du Tout-Etat, les représentants du mal absolu sur le plan politique, un engrenage qui a commencé à se mettre mis en branle à Hong Kong.

La bataille des idées est perdue d’avance pour la Chine. Les idéo-virus que des intellectuels inconséquents luis ont inoculés il y a un siècle ne résisteront pas au renouvellement des générations. Les libertés constituent un tout indissociable et les hommes, à de rares exceptions près, aspirent tous à la démocratie. Nier les droits de l’homme serait faire fi de la nature humaine et dénier aux Chinois l’appartenance à l’espèce. Les arrière-petits-enfants de l’oncle Xi n’accepteront plus d’être régimentés. C’est une affaire de temps, qui peut durer, mais la vérité finit toujours par triompher. A condition que le monde existe encore.

Sur le plan militaire, le rapport de forces est équilibré. La conflagration deviendrait mondiale. Pour l’Occident, il s’agit de savoir s’il est possible d’empêcher l’invasion de Taïwan avec des armes conventionnelles. Les diplomates peuvent encore espérer convaincre les autorités chinoises de leur très mauvais calcul, car il ne s’agirait pas seulement d’une opération « perdant-perdant ». La Chine coalisera contre elle bien au-delà des Etats-Unis et de ses alliés. Les conséquences seront catastrophiques pour son économie – ses bateaux ne franchiront plus la mer de Chine et ses infrastructures terrestres sont fragiles. En cas de défaite, il y aura un bouc émissaire tout désigné. Le pays s’acheminera sans doute vers un changement de régime

Le pire n’est pas toujours sûr. La rationalité peut encore l’emporter. A l’heure où les habitants du monde entier prennent conscience de leur destin commun et aspirent dans leur très grande majorité au bon régime, il existe une voie toute tracée vers la paix à l’échelle globale. Les hommes peuvent espérer un jour faire l’histoire au lieu de subir les évènements. Pour affronter les nouveaux défis qui s’annoncent, une certitude : il faut puiser une énergie nouvelle dans le plus beau fleuron du patrimoine immatériel de l’humanité : les règles de la démocratie.