Fonder un Institut mondial pour la démocratie
Pour achever une révision constitutionnelle, il faut aussi que les circonstances politiques soient favorables, autrement dit que le pays soit en crise. Les gouvernants, prisonniers du poids des traditions et des idées reçues sont peu enclins à mettre en cause le système politique dont ils sont eux-mêmes le produit. La partie sera gagnée quand un candidat à la magistrature suprême, élu ou désigné, l’emportera après avoir fait campagne pour la refonte du système politique. C’est par cette voie que les démocrates peuvent espérer obtenir gain de cause, une fois qu’ils comprendront mieux pourquoi leur régime n’est pas un modèle de démocratie.
Cette étape serait facilitée par l’existence d’un Institut mondial pour la démocratie. Il devrait d’experts patentés dans ses antennes décentralisées, pour faire valoir les intérêts des citoyens en matière constitutionnelle, mais aussi pour identifier dans les pays non encore démocratiques les personnalités locales aptes à parvenir au pouvoir avec les connaissances voulues pour instaurer une démocratie. Il pourrait bénéficier d’une mutualisation des budgets ayant pour vocation de promouvoir la démocratie. Il constituerait déjà l’embryon du bras armé d’une chambre Haute, pour préparer l’avènement d’entités multinationales, rendues nécessaires par la mondialisation à la poursuite et marqueront la nouvelle étape dans le processus de pacification.
C’est ce qui a manqué dans le passé aux fondateurs de l’Europe. C’est par cette voie que les Etats-membres des entités en gestation ou devenir pourront se mettre aux normes, soumis alors au respect d’une nouvelle loi fondamentale. Des techniciens établiront des audits démocratiques, car les réformes à entreprendre ne vont pas toujours de soi. Un organisme de ce type remplacerait avantageusement la Commission des droits de l’homme de l’Onu, qui s’est révélée incapable d’obtenir de réelles avancées dans le domaine considéré. C’est également dans ce cadre qu’une pression devrait s’exercer sur les politiques pour qu’ils consentent à des réformes majeures, dans le seul but de rendre les gouvernements plus performants.
Ils seront incités à renoncer aux régimes présidentiels*, propices aux autocraties, et aux modes de scrutin à la proportionnelle qui, faisant la part belle aux factions radicales, empêche la constitution d’authentiques majorités. Appelés à déléguer leur souveraineté à des étages successifs, en vertu du principe fédéral, les citoyens découvriront que le bipartisme, le fruit du mode de scrutin majoritaire, est l’unique moyen de décider partout sur les mêmes sujets et simultanément quel que soit le niveau de décision politique. Les Européens s’en sont aperçu trop tard.
*Le cas des Etats-Unis mérite une analyse à part.