Recourir au sondage délibératif
Il reste à savoir comment les docteurs en démocratie peuvent transmettre leur savoir aux citoyens pour que le pouvoir constituant pouvoir leur revenir.
Il suffit de prendre à témoin une fraction de la population pour s’assurer qu’il en est bien ainsi.
S’il est impossible de forger une opinion publique éclairée en un temps limité, il n’est pas nécessaire en revanche d’interroger l’ensemble des citoyens pour savoir quelle serait la position du plus grand nombre s’ils étaient affranchis. Il existe une méthode moderne et appropriée de consultation – on parle de sondage délibératif – consistant à placer un petit nombre de personnes dans une position comparable à celle des jurés d’assise, qui se prononcent seulement après avoir été informés des tenants et aboutissants du débat en procès.
Dans un pays comme la France, il suffirait de placer par petits groupes quelques centaines de personnes des régions différentes dans un bain d’information pour que le but recherché puisse être atteint. Ils découvriront d’abord que les principes de la démocratie relèvent du bon sens. Ils constateront ensuite que les régimes dits démocratiques bafouent souvent les trois premiers principes de la démocratie : la stricte séparation des domaines privé et public ; le partage du pouvoir entre centres de décision autonomes ; et l’organisation, à chaque niveau de décision, d’un système de pouvoirs et de contre-pouvoirs apte à en en garantir l’efficacité. Les institutions fautives sont héritées le plus souvent d’anciens royaumes ou empires morcelés.
Une fois la loi non écrite de la démocratie transcrite en préambule de la constitution, la dévolution du pouvoir au sommet de l’Etat découle également de la logique. Entre régime présidentiel – où le chef de l’exécutif est élu par les citoyens – et régime parlementaire – où il émane des délégués du parti majoritaire, ce qui suppose de recourir au mode de scrutin approprié – le bon choix est patent. Le pouvoir doit s’ancrer dans la force majoritaire, non dans la personne de son détenteur, qui doit demeurer sous le contrôle des élus. Une assemblée législative unique ensuite suffit, à condition qu’il existe une chambre Haute apte à fixer les règles du jeu et à opposer un veto suspensif à des textes pouvant être jugés aberrants (cas rares). La nouvelle constitution sera dotée d’emblée d’une chambre Haute, successeurs des premiers Sages, aptes à veiller à la maintenance du système politique. Il ne restera plus qu’à placer le satellite sur orbite.